Edito

EN COUV' : Nous autres bassistes sommes forcément sensibles au fait que notre instrument impose d’une certaine manière de ne pas nécessairement tenir le devant de la scène. Les chanteurs ou les guitaristes le font à la fois naturellement et peut-être aussi que ça les arrange bien, tout autant que ça nous arrange bien, d’ailleurs. Ainsi, les bassistes devenus célèbres pour leur pratique de l’instrument, sans chanter (parce que sinon le nom de Paul McCartney sort tout de suite), ne sont pas légion. Si, parmi les bassistes qui sont restés sidemen, un nom doit ressortir, celui de Nathan East a de bonnes chances d’être cité. L’homme a posé ses grooves sur un nombre incommensurable d’albums légendaires, a fréquenté le gratin du rock et de la pop. Pensez un peu, Michael Jackson, Eric Clapton, Toto, Phil Collins… On croit rêver quand on lit son CV. Et le pire, c’est que l’homme est aussi bon à la contrebasse qu’à la basse électrique et peut évoluer dans quasiment tous les styles puisqu’on l’a entendu jouer absolument tout, du jazz le plus classique au metal. Difficile de s’aligner avec une carrière pareille, et pour autant l’homme n’est pas rassasié et projette de continuer à créer sa musique à 70 ans révolus, notamment avec son fils. Quel plus bel exemple pour nous autres que ce perfectionniste qui ne semble jamais rien prendre pour acquis et essaie systématiquement de se remettre en question pour aller à l’essentiel : servir la musique plutôt que son aura de musicien. La marque Yamaha en a fait son ambassadeur n° 1 et lui offre le modèle le plus cossu de son catalogue pour apposer sa signature. S’il joue sur à peu près tout ce qui existe, il reste néanmoins fidèle à sa cinq-cordes légendaire qui est en passe de devenir un instrument vintage très recherché, pour ses qualités de fabrication et sonores. Ce n’est certainement pas le fruit du hasard. En tout cas, c’est pour nous un exemple de rigueur et de probité à qui nous sommes très fiers d’offrir notre couverture et que nous vous conseillons vivement d’écouter sérieusement (puisque pour ce qui est de l’entendre, que vous le vouliez ou non, c’est nécessairement déjà fait…) parce qu’il y a vraiment beaucoup de choses à apprendre de la basse de Nathan East.

La rédaction