Guitariste, réalisateur, ingé-son, journaliste… Steve Albini aura été l’un des acteurs essentiels de la scène rock indépendante aux USA durant près d’une quarantaine d’années. Dans son sanctuaire sonique, le studio Electrical Audio de Chicago, il a aidé de nombreux groupes à accoucher de leurs albums les plus essentiels, de Husker Dü aux Pixies en passant par Nirvana, Jesus Lizard et PJ Harvey, sans oublier une myriade de groupes plus nébuleux mais néanmoins incontournables (Slint, Godspeed You! Black Emperor, Jon Spencer Blues Explosion et des dizaines d’autres). Enfant du punk et du hardcore, Albini ne se contentait pas de rester assis derrière une console et passait régulièrement à l’acte avec ses formations punk/noise Big Black, Rapeman et plus récemment Shellac, dont le nouvel album To All Trains est sorti il y a quelques jours. Il se définissait lui-même comme un artisan ingénieur du son et non comme un producteur, se mettant en quatre pour aider les artistes à résoudre leurs problèmes et à concrétiser leurs visions, mais sans jamais essayer de les guider ni de les contrôler. Il refusait également de prendre des points de production sur leurs albums, considérant cette pratique comme non-éthique. Ses positions radicales et acerbes contre l’industrie musicale ont influencé des milliers de musiciens. Ce grand monsieur a succombé à une crise cardiaque le 7 mai à l’âge précoce de 61 ans, et c’est bien triste. La question de l’avenir d’Electrical Audio se pose désormais. Espérons que ce studio, lieu de pèlerinage de tous les musiciens de la scène indie, sera préservé et qu’il continuera de fonctionner.