Edito
Enregistrez-vous !
Sans l’apparition des techniques d’enregistrement, il y a fort à parier que notre instrument ne serait absolument pas le même que celui qu’il est de nos jours. D’une part, l’apparition du magnétophone à bandes a forgé la musique amplifiée étant donné qu’il a permis la diffusion massive de cette dernière et a donc influencé un nombre de musiciens incroyable et que les techniques et l’expérimentation ont obligé à penser les instruments autrement et envisager une manière différente d’amplifier ces derniers en concert afin de reproduire ce qu’on entendait sur les disques. D’autre part, c’est toute la pédagogie et la manière de prendre des notes en répétition qui ont été bouleversées par l’arrivée des dictaphones et autres enregistreurs de poche, remettant une certaine forme d’oralité au centre des débats là où la partition avait eu tendance à prendre le pas à une période où seule l’imprimerie permettait une diffusion large de la musique à transmettre. L’enregistreur est à la musique ce que l’appareil photo est à l’image, sauf qu’on a l’impression que si tout un chacun est, à l’heure des smartphones et d’Instagram, un peu photographe, l’ingénieur du son que nous devrions tous plus ou moins être est encore en sommeil chez la plupart des musiciens. La faute sans doute à un trop grand nombre de fantasmes non fondés, et à une culture humaine centrée sur la vision là où l’oreille devrait rester seule juge. S’enregistrer permet aussi au musicien qui travaille de mesurer d’un coup d’un seul ses progrès et les points à corriger quand on n’a pas tous les jours un prof à disposition. Une chose n’a cependant pas changé, c’est que sans bonne chanson, le meilleur enregistrement ne vaut pas tripette, donc n’oubliez pas de vous concentrer sur l’essentiel : la musique.
La rédaction
Numéro 109
7,90€