Edito

Le monde a changé et la pandémie de Covid-19 a fait exploser un phénomène qui était en gestation jusque-là : les YouTubeurs et influenceurs de manière générale qui redéfinissent la manière dont on parle de notre instrument. Il est vrai que, par rapport au magazine que vous tenez dans les mains, la forme est tout à fait différente : la vidéo est un support immédiat avec une puissance de représentation sans commune mesure, notamment en ce qui concerne la pédagogie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Bassiste Magazine a utilisé ce média, d’abord sur DVD puis via YouTube. Toutefois, l’ampleur du succès de certaines chaînes a attiré de nombreux musiciens désireux de se faire un nom, parfois au détriment du fond. Un des aspects bénéfiques de la chose aura été l’explosion de nouveaux talents, notamment féminins, là où la parité était loin d’être la règle dans les médias traditionnels. En revanche, force est de constater que l’essentiel du contenu n’est pas vraiment novateur, les histoires et les règles de la musique n’ayant pas été réécrites dans l’intervalle. Il est aussi possible, et c’est à mettre sur le dos du fonctionnement des algorithmes des sociétés du numérique, de se perdre dans la masse des contenus disponibles, ces derniers s’enchaînant sans vous laisser le temps de digérer les informations. Résultat, on peut avoir une sensation de découragement ou se lancer dans une vaine course au matos là où on devrait ressentir une saine stimulation. De la même manière, les tests de matériel en vidéo donnent une idée souvent fausse de ce que peut faire un instrument. Entre la chaîne d’amplification, celle d’enregistrement, le jeu du démonstrateur, l’appareil sur lequel vous lisez la vidéo et les enceintes que vous utilisez pour entendre, il y a vingt possibilités de passer à côté. Pour cette raison, nous vous avons concocté un dossier vous présentant la crème de la crème du net, les musiciens qu’il faut suivre non seulement parce qu’ils ont compris les règles de ces nouveaux médias (pas si nouveaux d’ailleurs pour YouTube, Facebook ou Instagram), mais aussi parce que ce sont de vrais musiciens, qui ont quelque chose à dire. Pour le reste, vous avez entre les mains un média à l’ancienne, fait à la main, sans IA, avec un contenu indépendant de la publicité qui fonctionnera même en cas de panne de votre smartphone et qui sera encore bon à lire dans dix ans. De la même manière, nos tests de matos sont faits pour vous donner envie d’aller essayer en magasin plutôt que d’acheter / revendre sur un coup de tête. C’est tout l’intérêt et la magie de l’écrit, qui oblige le lecteur à se projeter et à utiliser son imagination. Lire la presse, c’est aussi muscler votre cerveau. Vous nous remercierez plus tard.

La rédaction