Edito
Même si notre instrument a ses stars, il faut bien avouer que peu de bassistes sont connus du grand public et quasiment aucun d’entre eux en tant que simple musicien. Il faut le reconnaître, jouer de la basse est avant tout un exercice d’humilité, même si de temps à autres, un Lemmy, un Paul McCartney ou, plus près de nous, une Victoria De Angelis vont crever l’écran. Pourtant, que seraient des tubes comme « My Generation », « Another One Bites the Dust » ou « Money » sans leur ligne de basse ? Dans un autre registre, comment imaginer l’intro de « Woman in Chains » de Tears For Fears, « Vultures » de John Mayer ou « Wherever I Lay My Hat » de Paul Young sans le groove incroyable de Pino Palladino ? Ce musicien pourtant discret a redéfini le rôle de la basse dans les années 80 puis, vingt ans après, l’a remise au centre des débats en accompagnant D’Angelo.
Pourtant, si sa discographie a de quoi faire pâlir, il est à peu près certain que le grand public ne connaîtra jamais son nom.
La problématique est exactement la même pour Valérie Picard qui, enchaîne les représentations de la comédie musicale du Roi Lion. Dans un local isolé sous la scène, elle tient la baraque et fait vibrer des milliers de spectateurs sans que ces derniers n’aient conscience que des musiciens ultra-chevronnés donnent le meilleur d’eux-mêmes. Que ce soit un problème de culture ne fait aucun doute et à moins d’un revirement, dont on ne voit pas d’où il pourrait venir, il faudra s’y faire.
Choisir la basse revient donc à renoncer à la célébrité de manière mécanique et finalement, est-ce que ce ne serait pas l’assurance de pouvoir se consacrer pleinement à la musique ? En cette période où rien ne semble vraiment certain, si ce n’est que les catastrophes se succèdent les unes aux autres, l’amour de l’art pour lui-même revêtirait presque des habits de transcendance. Si au passage on en tire une petite gloire, pourquoi pas...
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La Rédaction
Numéro 97
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